Reporter sans cesse au lendemain
Reléguer sans cesse au prochain
Écrire pour s’anesthésier
Pour se convaincre d’exister

Je me fonds dans d’inlassables rêveries
Remplies d’incohérences infertiles
Auxquelles renoncer est plus facile
Que de réellement sortir de mon hostile sortilège

Je tiens fermement aux brindilles d’espoir
Comme des bougies serrées dans mes mains
Qui me brillent les rampes dans le noir
Les portes et tunnels et ports et échappatoires

La fuite et l’aventure m’obsèdent
À tout instant
Comme des bateaux prêts à désamarrer
Qu’aucune instance ne possède

Le chuchotement des nuages
Et la caresse des astres
À travers les branchages
Sont mes seuls gages
De liberté

Est-ce en brûlant son humanité
En reniant ses privilèges
En rompant les marches militaires
En faisant exploser tous les contrats
En renversant ses quatre murs
En aspergeant sa ville de peinture
En coupant le fil sous ses pieds
Qu’on redevient ce qu’on n’a jamais été?