Comment se saisir du monde

Avec une terminologie moite, blanche, aveugle et tristement honnête

Avec des pinces ridiculement petites dans des gants rembourrés à craquer

Avec une nostalgie persécutrice et une paranoïa de l’avenir

Sans permissions à demander sur lesquelles cracher dessus

Avec une mémoire qui fait défauts et merveilles

Avec une volonté qui sonne faux au fond d’une harmonie de peines ravalées

Sans même la force de pourchasser le soleil

Sans outils pour dépasser plus d’une tempête à la fois

Avec l’incohérence assumée d’un suicidaire

Avec la peur fascinée du monde lui-même

Avec les barricades sécurisantes d’un imaginaire en convulsions